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INTERVIEWS

 

   IRL, juin 1984

   IRL : Dans le mouvement libertaire lyonnais, vous représentez le courant anarcho-punk. Quand avez-vous monté votre groupe et dans quel but ?

   HB : On a monté le groupe fin 1981. C'est en écoutant du punk qu'on a eu envie d'en faire, mais avant de savoir jouer de la musique on avait déjà écrit des textes. Disons qu'on a formé un groupe pour exprimer ce qu'on avait écrit. La première fois qu'on est sortis de notre cave, ça a été pour le concert de la "Semaine contre l'embrigadement". On a été merdiques. Un tour pour rien, et du coup on s'est fait mal voir de pas mal de libertaires et d'antimilitaristes. On a été mis un peu de côté, comme étant des rigolos et non des militants sérieux. "Haine Brigade de toute façon, c'est des charlots", "C'est des jeunes, y s'amusent bien, mais..."
   Notre deuxième apparition ne fut pas beaucoup mieux. C'était à la Guillotière lors d'une "Fête de soutien à la presse anarchiste". Faut dire qu'avant nous passait un groupe folk. On est arrivés avec nos guitares, ça a été l'enfer et ça a encore raté. Personne n'a compris ce qu'on venait faire là.
   Ensuite cet été, nous avons participé en Ardèche à un rassemblement anarcho-punk. Ce fut fort sympa. Il y a bien eu quelques histoires, mais sans gravité. Voilà au niveau concerts. Hier soir (31 déc 1984), on devait jouer...on a failli. On aurait pu, mais on a décidé que c'était inutile. Y'avait des gens intéressants, mais surtout trop de cons et c'est eux qui faisaient la loi. Et quand on voit des copains qui se font casser la gueule, monter sur scène, salut ! Y'en a qui auraient été trop contents.

   IRL : Qu'est-ce qui était prévu et que s'est-il passé ?

   HB : Plusieurs groupes étaient réunis pour jouer toute la nuit dans une usine squattée. On pouvait craindre une intervention de la police, c'est les skins qui ont foutu la merde. Les skins de Lyon sont des mecs perdus qui ne pensent qu'à se battre et à se bourrer la gueule. Leurs idées sont fascisantes et racistes. Pas nationalistes mais régionalistes, comme ils disent. Comme il y avait des punks, et de surcroît parisiens, donc étrangers, les histoires ont commencé dès avant le concert. Elles ont continué pendant, quand un groupe qui rameute cette bande a essayé de jouer en voulant que tout le monde vienne devant la scène. Y'en a qui n'ont pas voulu. Ca a commencé à s'échauffer, à taper. Pour bien envenimer les choses, un des musiciens a gueulé : "Hé ! les parisiens, jamais vous venez devant la scène ? Z'avez pas d'couilles ?" Du coup, les skins sont partis taper les parisiens, ça a dégénéré et ça n'a pas cessé de se battre.

   IRL : Finalement les organisateurs ont décidé de tout arrêter ?

   HB : Oui, et même Lanterne Rouge n'a pas pu se produire. C'est le groupe fétiche des skins. Les mecs du groupe on les a vu répéter. Ils ne sont pas bornés, on peu discuter, mais ils adoptent les idées de ceux qu'ils veulent traîner dans leurs concerts. Les inviter c'est prendre un risque, ne pas le faire, c'est peut-être en prendre un encore plus grand. De toute façon, à l'annonce du concert punk, les skins seraient venus. Inviter un groupe à eux permettait d'espérer que ça les calmerait.

   IRL : Comment voyez-vous l'avenir ?

   HB : On va continuer le groupe et essayer de jouer en concert, mais à Lyon ça va être dur. A Lyon, on a mauvaise réputation partout. Mauvaise réputation chez certains punks à cause de notre engagement. Mauvaise réputation auprès des skins qui savent qu'on ne les aime pas et qui n'attendent que l'occasion de venir nous foutre la merde.Parmi les anars on ne fait pas non plus l'unanimité. Avant le concert d'hier, beaucoup disaient qu'on avait raison de le faire, que c'était bien, mais qu'ils ne viendraient pas, que c'était nos oignons et que si ça tournait mal ce serait tant pis pour nous. On a bien peur qu'à Lyon on soit grillés. [Haine Brigade se produira aux Journées Libertaires de Lyon].

   IRL : En dehors de la musique, faites-vous autre chose ?

   HB : Tu fais allusion à Kanaï, le fanzine des canailles de l'Anarchie ! Pour nous, c'est une autre façon de faire passer nos idées. Par la musique on touche des gens, toujours les mêmes. En écrivant, en dessinant, on espère en toucher d'autres, en particulier des jeunes pas anars. On voulait également montrer au milieu libertaire - qui est content qu'on vienne aux manifs, aux réunions, etc..., mais qui nous trouve gentillets - de quoi on est capables. Entre l'idée et sa réalisation, pas mal de temps s'est écoulé, mais le n° 1 est sorti centré sur le racisme. Puis sont venus le n° 2, le n° 3 avec du rock, de la BD, et à chaque fois, un dossier différent. La qualité de Kanaï est en constante progression, et depuis le 2ème numéro, il est fait sur Lyon et Paris. La fabrication est artisanale. Nous tirons à 150 exemplaires don't 100 sont vendus sur Lyon et 50 sur Paris. Dès le n° 4, dont le dossier sera les squatts, nous allons améliorer le mode d'impression (passage en offset) et augmenter le tirage.